Le retour aux sources de la diplomatie française
Près de sept années se sont écoulées depuis le discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne en 2017, où il appelait à une Europe « souveraine, unie et démocratique ». Aujourd’hui, dans un contexte géopolitique profondément transformé, notamment par la crise du Covid-19 et le conflit ukrainien, la politique extérieure du président français est scrutée et analysée. Michel Duclos, ancien ambassadeur et conseiller spécial à l’Institut Montaigne, offre un décryptage acerbe dans son récent essai, « Diplomatie française ».
Les hauts et les bas d’une politique ambitieuse
Malgré un accueil initial mitigé de son plaidoyer européen, notamment par l’Allemagne, Macron a su enregistrer des succès notables. Parmi eux, le plan de relance européen face au Covid-19 se distingue comme un accomplissement majeur, symbolisant une solidarité financière sans précédent entre les États membres de l’UE. En parallèle, l’initiative de la Communauté politique européenne en 2022 a tenté de répondre à une attente de coopération élargie à 44 pays, bien que ses résultats restent incertains.
Une position controversée vis-à-vis de la Russie
La relation d’Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine a particulièrement influencé l’image et l’autorité de la France en Europe. Son invitation à Poutine au Fort de Brégançon en 2019 et ses interactions subséquentes pendant l’invasion de l’Ukraine ont suscité des critiques. Duclos pointe un affaiblissement conséquent de la stature internationale de Macron, jugé trop conciliant envers Moscou. Cette approche, vue comme un héritage mal interprété de la politique gaulliste, a mis en lumière un décalage entre les intentions et les perceptions.
L’Europe de la défense, un projet encore lointain
Le cas de l’Ukraine illustre les limites de l’Europe de la défense, un rêve cher au président français. Plutôt qu’une coordination militaire efficace, l’UE a souvent paru désorganisée dans son soutien à l’Ukraine. Duclos critique la compétition plutôt que la complémentarité entre les États membres, soulignant la difficulté à construire une véritable industrie de défense européenne unifiée.
Relations diplomatiques et orientations futures
Face à des leaders populistes ou autoritaires, Macron a alterné entre distance et collaboration. Sa capacité à utiliser son charisme et sa conviction pour influencer des dirigeants comme Erdogan, ou pour améliorer la coopération avec des gouvernements initialement hostiles comme celui d’Orban en Hongrie, montre bien la fluidité tactique de sa diplomatie.
En examinant les trois années à venir, Duclos suggère que Macron se positionnera probablement comme un pilier de la résistance européenne à la Russie et, potentiellement, à un retour de Trump. Il pourrait aussi chercher à renforcer les liens avec le Sud Global, envisageant des réformes des institutions financières internationales pour mieux équilibrer les relations Nord-Sud.
Dans un monde où les dynamiques de pouvoir sont en constante évolution, l’analyse de Duclos offre une perspective critique sur les tentatives de Macron de naviguer entre ambition européenne, réalisme politique et les impératifs stratégiques changeants.
Source: www.lexpress.fr